pamela & helena ~

❞ Un martyr est celui qui consent à aller jusqu’à se laisser tuer pour témoigner de sa foi ❞

La souffrance. Voila ce qui était mon fardeau depuis... depuis quand? Je ne sais plus. Je n’arrive plus à penser correctement. Les cris dans ma tête ne cessent jamais. Et j’ai tellement mal. Mal dans tout mon être. A l’instant où j’ai quitté la serre, abandonnant derrière moi Jason, je n’ai cessé de ressentir ce martyr en moi. J’ai erré dans les rues de Gotham sans savoir où j’allais. La nuit était froide mais j’avais l’impression que mes veines étaient encore plus glacées. J’ai reussi à me trouver un abri. Un coin dans le noir. Tout le temps dans le noir. Personne autour pour remarquer ma présence. Je suis seule.

Depuis toujours je suis seule.

Il était tard aujourd’hui puisque le soleil était couché et que le ciel dégagé laissait les étoiles se montrer. J’avais besoin d’air alors je suis sortie de ma cachette. Faiblement. C’est à peine si je tiens sur mes jambes. C’est à peine si j’arrive à voir où je marche. Dans ma tête, tout n’est que succession de hurlements, de crissements et de questions. Que m’est-il arrivé? Quel procédé chimique Jason avait-il mit au point? Au grand Dieu, pourquoi suis-je ainsi? Et à qui puis-je demander de l’aide? Mes parents ne se sont sans doute pas rendu compte de ma disparition... Jason est mort... Et mes amis... Helena. Oui Helena. Je devais retrouver Helena.

Je marchais en travers de la zone désinfecté, ne sachant pas vraiment où je me rendais mais une lumière attira mon attention. Lointaine, diffuse, faible. Je m’approchais et ma vue s’améliora. Une cabine téléphonique. Quelqu’un était dedans, passait un coup de fil. Je n’avais pas le temps d’attendre. J’avais besoin d'appeler Helena tout de suite. J’ouvrais la porte de force et le mec qui s’y trouvait se tourna.

___Vous voyez pas que c’est occu- Oh seigneur !

La peur déforma son visage vieillissant et il me poussa pour partir en courant. Je l’avais effrayé. J’étais un monstre. Je me hissais dans la cabine, me reposant contre le mur noirci de crasse. Je saisi le combiné et raccrochait l’appel précédent. Le gars avait laissé sa carte téléphonique dedans. Parfait. Je m’en servais pour composer le numéro Helena. La lumière de l’ampoule m'agressait les yeux, j’avais du mal à respirer. Un tonalité. Deux tonalité.

___Allô? fit la voix rassurante de mon amie.
___Helena...

La mienne n’était qu’un sanglot étouffé. Toute ma peine passait dans son prénom. Un appel au secours. Instantanément, je me rappelais nos derniers moments passés ensemble. C’était dans mon laboratoire...

# FLASHBACK #

L’objet frappa le sol avec fracas et éclata en plein de petits morceaux. Je n’avais pas réussi à réagir a temps pour le rattraper avant qu’il ne frappe le sol. Je regardais longuement les éclats par terre. J’étais fatiguée. Je dormais peu en ce moment. Trop peu. Cet état rendait mes réflexes lents et ma motivation était mise à rude épreuve. Jason était à l’aube d’une découverte extraordinaire me disait-il. Que bientôt, nos recherches allaient aboutir. J’étais heureuse de cela, mais jamais tellement peu de temps pour moi. Je passais mon temps entre ces murs. Heureusement que les plantes étaient là pour me sentir plus en contact avec l’extérieur. J'étoufferais certainement sans elles.

Un soupir m’échappa alors que je descendais de ma chaise pour ramasser le tube à essai que j’avais laissé tomber. Au même instant, quelqu’un frappa à la porte du labo et je levais la tête par dessus ma table pour regarder dans cette direction. Je me redressais et retirais mes gants et mes lunettes, tout en marchant jusqu’à l’entrée que j’ouvrais instantanément. Je ne devais pas ressembler à grand chose mais tant pis. Je tombais sur Helena.

___Helena? Qu’est-ce qui t’amène ici? demandais-je, un peu sur la défense.

Je savais qu’elle n’aimait pas vraiment Jason. Ainsi le fait que je m’implique beaucoup trop dans ses recherches.

Mes poings s’écrasaient nerveusement sur le mannequin qui trônait dans ma salle de sport personnelle, j’étais incapable de penser de façon correcte ces derniers temps, ces derniers jours. J’avais toujours fait en sorte de ne plus laisser les choses me touchaient, j’étais incapable de me permettre de nouvelles souffrances, je me le refusais tout simplement. L’attachement n’était qu’un mot, plus un sentiment. C’était ce que j’avais pensé. Pamela. Son visage me revenait à l’esprit, et dans un énième coup, un grognement de rage s’échappait de ma bouche, m’obligeant ainsi à arrêter mon activité physique. Pamela était mon amie, et bien que j’éprouvais une très faible confiance aux gens qui m’entouraient, je ne pouvais m’empêcher de me demander ce qu’il avait pu se passer, j’avais beau cherché après elle dans le plus grand secret, collectant certaines informations dont je n’aurai jamais dû avoir accès, tout me laissait penser que celle-ci avait conduite par une folie passagère, mais je n’y croyais rien. Non. Pas Pamela. C’était trop simple. J’étais inquiète. Elle avait disparue, et au fond de moi, je ne pouvais m’empêcher d’abandonner l’idée qu’elle allait bien, qu’elle était en sécurité, qu’elle était vraie avec moi. Oui. J’allais la retrouver, il le fallait, c’était un but que je me devais d’atteindre. J’étais prête à enfiler ma tenue, à mettre mon masque de justicière, d’aller faire régner l’ordre dans cette ville qui avait trop longtemps vécu à son aise, gouverner par des criminels. Mon attention se tournait vers mon téléphone, décrochant alors, c’était comme si le destin avait été dessiné. Comme si mes pensées, ma peur, avaient été entendues. « Helena. » Je n’avais pas besoin de demander qui était à l’appareil, je le savais.
Pamela.


Mes talons claquaient en rythme sur le sol carrelé de l’université. J’offrais quelques sourires, et quelques salutations aux visages que je connaissais. J’essayais d’être le plus discrète possible, je le devais, pour pouvoir rester secrète quant à ma double vie. Personne n’était au courant, et je m’en portais très bien ainsi. Oui. Chaque nuit, j’enfilais une tenue pour faire régner l’ordre, ma nouvelle motivation après les activités peu délicates que j’avais pu entretenir auparavant. Naturellement, mes pas avaient fini par me mener tout droit vers le laboratoire, endroit où j’allais trouver Pamela, comme toujours depuis que je la connaissais. La seule personne qui était véritablement au courant de l’histoire de ma famille, et bien que je voyais cela comme une faiblesse, j’éprouvais une étrange confiance envers la jeune femme. Confiance très dure à gagner. Prête à toquer, un bruit de verre se faisait entendre, ce qui me poussait davantage à vouloir blablater avec ma très chère amie. En vérité, je savais que celle-ci était très – trop – souvent dans ce laboratoire, et ma curiosité légendaire prenait peut-être un peu trop le pas sur notre amitié. Je me devais de savoir ce qu’il se manigancer, sans même savoir si Pamela comptait me faire confiance ou non. Peut-être étais-je folle. Mais je voyais bien que la jeune femme était sans arrêt sur les nerfs, celle-ci m’offrait d’ailleurs une preuve supplémentaire, lorsqu’elle m’ouvrit la porte du laboratoire. « Helena? Qu’est-ce qui t’amène ici? » J’affichais un sourire innocent. « Je passais dans le coin, et je me suis dit que tu devais être probablement ici, comme très souvent. » Sans même savoir si j’avais le droit ou non, je poussais gentiment Pamela sur le côté pour pénétrer à l’intérieur du labo de science de la jeune femme. J’admirais les quelques débris de verres qui jonchaient encore sur le sol. « Qu’est-ce que tu fais comme recherche ? » Je me tournais vers elle, sourire aux lèvres, les yeux brillant de curiosité. « Vu la mine que tu affiches, cela doit être quelque chose de très important. » En vérité, je parlais comme une personne normale, qui ne connaissait probablement rien à la science, insistant sur le côté innocent et naïf de mon existence. Je me devais de montrer l’opposé de qui j’étais réellement, même si cela voulait dire mentir en partie à une personne importante. Mon attitude me dégoutait très régulièrement, bien que je montre ma véritable personnalité à Pamela à certains moments. Je me le devais. Par respect pour elle, et également pour les choses qu’elle pourrait m’apporter par le futur grâce à ses dons inestimables dans le domaine de la science.