JOHN & PAMELA - présomption d'innocence. ❞

pamela & john ~ two mouth ago

❞ La présomption d'innocence est le principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement établie. ❞

___Nous sommes réellement déçus Mademoiselle Isley. Ce que vous avez fait à la Wayne Enterprise est très grave. Vous avez de la chance que la société ne vous poursuive pas !

De la chance? Non. Un père au bras long? Oui. La voix du doyen de l’université tonnait dans la grande salle de réunion. Assise au bout d’une longue table qui regroupait le directeur de l’école, un représentant de la Wayne Enterprise et un groupe de professeurs, j’écoutais sans piper mot le discours de l’homme. Parmi eux, se trouvait Jason, qui me regardait sans aucune émotion sur le visage. Il jouait bien. Personne ne devait savoir que c’était lui qui m’avait chargé de voler les produits de l’entreprise dans laquelle je faisais mon stage d’études. Il semblait néanmoins tendu. Il n’avait pas à l’être. Jamais je ne le trahirais. Il est le seul qui compte.

___Si vous ne répondez pas de vos actes devant la justice, vous devez cependant le faire devant le comité de l’université. Nous avons donc décidé de vous expulser du programme du professeur Woodrye et de toutes les matières scientifiques de votre cursus. A la demande de votre père nous vous gardons au sein de l’université mais vous n’avez plus le droit d’exercer la bio-chimie en ces lieux.

Plus le doyen m’annonçait plus ma punition, plus mon visage se décomposait. Je lançais des regards paniqués vers Jason, toujours silencieux et sans réaction face à la scène. N’allait-il pas me défendre? J’étais l’une des meilleures scientifiques, rien que ça pourrait être pris en considération ! De plus, le fait que mon père se soit mêlé de cette histoire jusqu’à aller demander une faveur à son grand ami de fac qui n’était autre que le doyen, me filait la gerbe. Je me sentais mal. En l’espace de dix secondes, je venais de perdre des années de travail et d’études...

___En cas d’infraction à cette règle, vous serez renvoyée sur le champ, termina le vieil homme.

Je gardais le silence, attendant désespérément l’intervention de Jason. Il resta figé, à me regarder fixement comme le faisait chacune des personnes assises autour de la table. Je tentais de garder le contrôle, difficilement. Face à ma non-réaction, le représentant de la Wayne Enterprise se pencha sur le table, les mains jointes et me demanda :

___Puis-je me permettre de vous demander ce que vous auriez fait avec ces produits Mademoiselle?

Que dire? Que répondre? Ne sachant pas quoi répondre, je me levais et posais les yeux sur Jason. Ce dernier bougea sur son siège, mal à l’aise. Mon coeur battait à tout rompre. Je reposais le regard sur l’homme envoyé par mon ancienne société.

___...

Je tournais alors les talons et quittais la salle de conférence, ne pouvant plus supporter la tension dans cette pièce. Je sortais du bâtiment administratif et marchais à travers le campus. Si je ne pouvais plus suivre les cours de bio-chimie, à quoi bon revenir dans cette stupide université? De toute façon, je n’ai pas besoin d’eux. Et pourquoi Jason ne m’a pas défendu? Je sais que l’on doit se cacher pour qu’il reste professeur mais il pouvait prendre mon parti en tant qu’étudiante ! J’étais dans ce pétrin à cause de lui tout de même ! Rah, à quoi bon se torturer avec tout ça, de toute façon, tout est fichu.

Je marchais jusqu’au parking de l’université pour rejoindre ma voiture quand un visage familier m’interpella. Posté prêt de ma voiture se tenait l’inspecteur Blake, l’homme qui est venu à la Wayne Enterprise le jour où j’ai été prise en flagrant délis. Je m’arrêtais quelques secondes, songeant à repartir sans mon véhicule puis me repris. Je ne risquais rien de la police. J’avançais d’un pas rapide jusqu’à lui.

___Je vous préviens inspecteur, ce n’est pas la journée pour m’embêter.

__Tu viens manger Blake? On fait une pause, juste trente minutes.

Je fronçais les sourcils en levant la tête, déconcentré dans ma lecture. Je secouais la tête en regardant mon collègue. Je ne voulais pas perdre une seconde. Cette affaire m’obsédait et je faisais l’impasse des ordres de Gordon qui m’avait demandé de la laisser un peu de côté parce que les dossiers s’empilaient. Je préférais passer des heures dessus, et rajouter des heures de mon temps libres aux autres dossiers. De toute façon, personne ne m’attendait en rentrer, mon appartement serait vide quand je rentrais, tard, certainement.

__ Merci, c’est gentil mais je ne préfère pas. Je tiens peut-être quelque chose.

Je souris en coin en voyant mon collègue lever les yeux au ciel d’un air rieur. Il avait tenté mais semblait déjà connaître ma réponse. Je grimaçais. Depuis que l’affaire des vols de produits chimiques qui avait été fait à la Wayne Entreprise, je ne pensais plus qu’à coincer le cœur du problème et démanteler le réseau des faiseurs de troubles. En effet, les pistes réunies me laissaient de plus en plus penser que Mademoiselle Isley, étudiante à l’université de Gotham en biochimie n’avait pas pu faire le coup seule. J’en devenais associable et il est clair que j’aurais dû faire des efforts. Je le ferai, plus tard.

Je tournais une nouvelle fois ma cuillère dans ma tasse de café bien que le sucre devait être fondu depuis environ une heure trente alors que la boisson était, à très forte probabilité, froide depuis environ une heure. Plongé dans ma lecture, je ne me rendis compte de cela qu’une fois que je portais la tasse à mes lèvres. Je soupirais en posant la porcelaine sur mon bureau et je fermai le dossier, que je mis sous mon bras. Gordon voulait que je prenne des pauses. Très bien, je pris mon blouson, vérifiais que mon portable était bien dans la poche de celui-ci et je tournais les talons, laissant derrière moi la porte verrouillée de mon bureau. Je rejoins le hall rapidement puis, je sortis. Arrivé à ma voiture, je pris la direction de l’université de Gotham, avec la conviction d’y croiser Isley et discuter avec elle. Je prenais une pause, je ne serai pas dans mon bureau ou en train de traiter un dossier qu’il m’avait demandé sur le terrain. Gordon n’avait pas précisé la nature de ces heures de repos alors, je les occupais comme je le souhaitais.

J’arrivais bientôt et je me garais sur le parking du domaine universitaire. Je souris en regardant les bâtiments, me rappelant seulement quelques années plus tôt où c’était entre ces murs que je passais mon quotidien. Je sortis de ma voiture en regardant l’heure sur mon portable. Visiblement, les étudiants étaient en cours, je trouvais les environs bien calmes. Je restais un peu autour de ma voiture avant d’aller m’acheter un sandwich non loin de là. Je me rendis compte combien j’avais faim en commençant à dévorer mon repas. Je patientais quelques minutes encore avant de tourner la tête vers une porte qui s’ouvrait. Je souris, victorieux, alors que Pamela Isley en personne faisait son apparition. Je finis ma dernière bouchée, et je m’avance d’un pas vif vers Pamela, arrivant avant elle à hauteur de son véhicule. D’emblée, je préfère rire à son entrée en matière.

___Je vous préviens inspecteur, ce n’est pas la journée pour m’embêter.

Je levais les mains en l’air en signe de rédemption en secouant la tête mais j’avançais d’un pas pour lui barrer sa route, au cas où.

__ Mauvaise journée mademoiselle Isley? Je voudrais juste que vous preniez quelques minutes pour répondre à quelques questions. Si ça peut vous rassurez, je viens de mon plein gré, je n’ai pas eu d’ordres supérieurs. Les informations que j’arriverais à obtenir m’aiderait juste à titre personnel, afin de faire remonter l’affaire, vous voyez ? Pour vous aider.

Je marquais une pause et, comme je voyais qu’il serait difficile d’obtenir son accord et sa patience, j’entrais dans le vif du sujet, l’air solennel, sérieux comme jamais, désireux de tirer au clair cette affaire.

__ Mademoiselle Isley, de nombreux éléments me laissent penser que vous n’avez pu agir seule sur cette affaire, que peut-être, vous avez été influencée, voire même forcée sous quelques horribles conditions. Vous auriez été victime de chantage, Mademoiselle. C’est très grave, puni par la Loi qui vous protège. Mademoiselle, laissez-moi vous aider, s’il vous plaît, prenez le temps de répondre à mes questions.

pamela & john ~ two mouth ago

❞ La présomption d'innocence est le principe selon lequel toute personne qui se voit reprocher une infraction est réputée innocente tant que sa culpabilité n’a pas été légalement établie. ❞

Mauvaise journée? L’inspecteur Blake était bien loin du compte. C’était pour ainsi dire la pire journée de ma vie. Ma passion était mon métier. Je suis une scientifique dans l’âme. Si on me retire la seule chose que j’aime faire, que pourrais-je bien faire? En une réunion de quinze minutes, j’avais vu partir sept ans de ma vie en fumée. Alors oui, mauvaise journée. Très mauvaise journée. Le policier venait à moi pour me poser des questions et je l’écoutais d’une oreille distraite, continuant à arpenter le parking en direction de ma voiture. Tout ce que je voulais, c’est fuir cet oiseau de malheur qui m’avait indirectemment volé ma vie. Mais il souleva un point qui me fit arrêter ma marche et me tourner vers lui.

___Comment ça?

Je ne pouvais dire que j’avais été influencée par Jason Woodrye. Je ne pouvais lui faire ça et le trahir. Mais son silence pendant le conseil de l’administration me restait encore en travers de la gorge. Il aurait du me défendre. Par je ne sais quelle façon mais il aurait du faire entendre sa voix au lieu de rester terré dans son coin à me regarder si injustement sanctionné. C’était de sa faute si j’étais dans cette situation. Mais je pouvais retrouver mon poste, mes droits et mon travail à l’université. Finir mes cursus, mes recherches. Disposer du laboratoire dans lequel j’ai séjourné des jours et des nuits. Pour ça j’avais juste à...

Non. Non. Jamais.

___On ne peut m'aider Inspecteur. Vous ne le pouvez. dis-je en soupirant de lassitude.

Je voulais juste rentrer et... Oh mon dieu, mais je n’ai nulle part ou aller. J’ai quitté la maison suite à ma dispute avec père, et je passais mes nuits à la serre. Et maintenant je n’avais plus le droit d’y mettre les pieds. Oh non. C’est un cauchemar. Fatiguée de m’apercevoir que tout m’échappait dans ma vie, j’eus une envie soudaine de hurler et de pleurer. Mon regard se posa sur Blake qui se tenait toujours à mes côtés et je laissais un énième soupir. Je lui fis signe de me suivre vers un banc non loin et m’y installais.

___Que voulez-vous savoir qu'on en finisse.

___Comment ça?

Je souris en coin, discrètement, ravi d’avoir pu éveiller sa curiosité. Je mis les mains dans mes poches, l’air décontracté, davantage pour l’agacer de mon calme alors qu’elle ne cessait de me contredire. Je voulais lui montrer que son envie de se défiler ne m’atteindrait pas et que je pouvais me montrer plus persuasif qu’elle encore. C’était de la psychologie pure et dure mais il s’avérait que cette technique marchait très souvent avec grand succès.

__ Prenez le temps de répondre à mes questions et, alors, je pourrais aussi répondre à vos questions, Mademoiselle Isley. Qu’avez-vous à perdre, sinon l’aide de la Justice ?

La Justice. Une valeur en voie de disparition à Gotham mais je m’éprenais encore à en rêver, à ce que Justice soit rendue pour bien des cas qui s’entassaient désastreusement sur chaque bureau de chaque inspecteur au poste.

___On ne peut m'aider Inspecteur. Vous ne le pouvez.

Je fis de non de la tête et je fronçais les sourcils en sondant un air de désespoir dans sa voix qui trahissait ses sentiments. Aussitôt, je répondis, à la fois ferme et réconfortant.

__ Le problème est, Mademoiselle Isley, que vous vous croyiez seule dans cette affaire alors que je suis persuadé que nous pouvons vous aider, améliorer votre situation voire l’arranger totalement.

Je lui souris doucement et respectais son silence alors qu’elle soupirait une nouvelle fois. Finalement, elle se dirigea vers un banc et j’attendis un signe de sa part pour enfin venir m’asseoir à côté d’elle. Je souris lorsqu’elle baissa les armes et qu’elle me laissait enfin le droit de lui poser des questions. Je sortis mon calepin et un stylo mais, en posant mon regard sur elle, je me résignais à ce geste conventionnel et rangeais mon matériel dans mon blouson. Je voulais qu’elle soit à l’aise, c’était la raison pour laquelle j’avais voulu aller à sa rencontre et non pas l’inverse. Je ne voulais pas qu’elle se sente prise au piège dans un isoloir du poste. Au milieu du campus, elle se sentirait certainement plus à l’aise pour se laisser à aller à des révélations.

__ Déjà, une question me chagrine, Mademoiselle Isley. Qu’auriez bien pu vouloir faire avec une quantité aussi démesurée de substances chimiques ? Je doute que leur utilité soit à titre expérimentale pour vos études Mademoiselle.

Je marquais une pause, et je restais patient, attendant une réponse de sa part. En même temps qu’elle discutait, je fouillais dans ma petite sacoche, comme si j’étais distrait alors que mon oreille était aux aguets d’informations. Je sortis un sac de bonbons acidulés et je lui en proposant un, tout en restant silencieux en l’écoutant attentivement.

__ Et vous auriez agi seule, d’après ce que vous avez déjà pu dire. Désolé, mais je ne peux pas croire cela. Il va falloir que vous soyez davantage convaincante voyez-vous, Mademoiselle…