Barbara s'était encore faite avoir.
Elle s'était toujours intéressée à l'art en général, et à la culture. Elle aimait bien les musées, même si elle n'était pas une experte, elle aimait déambuler dans les salles d'expositions pour voir de belles choses. Mais pourquoi diable avait-elle accepté d'accompagner son père à une vente aux enchères ? Enfin, elle savait pourquoi, elle espérait y voir des choses magnifiques avant qu'elles ne partent dans les collections privées des magnats qui allaient surement surenchérir sur les musées. Barbara n'aimait pas cela d'ailleurs, c'était une des nombreuses choses qui la révoltaient. Le vol d'objet d'art était quelque chose de honteux, c'était voler tous les autres êtres humains, pour le profit d'un seul homme qui garderait une oeuvre d'une valeur artistique inestimable dans son sous sol, pour son seul plaisir. Et une vente d'oeuvres d'arts aux enchères, c'était pour elle assister à un vol honteux et pire, légal.
Mais Barbara avait immédiatement accepté. Et puis, son flic de père commençait à s'inquiéter qu'elle ne sortait plus et qu'elle semblait tout le temps fatiguée. Elle voulait écarter ses soupçons, hors de question qu'il soupçonne quoi que ce soit sur ses activités nocturnes.

Barbara avait donc, sans poser plus de questions accepté quelques jours avant, et après le repas en début d'après midi attrapé un jean blanc et un haut de la même couleur brodé de rouge, ce qu'elle avait de propre, repassé, et de plus classe dans son armoire qui ne soit pas une robe de soirée. En plus, quelle idée, comme s'il n'y avait pas assez de ventes aux enchères toutes l'année qu'elle devait aller à celle dont les profits devaient revenir à une association caritative de Gotham... Ce qui voulait dire que tout le gratin qui voulait bien se faire voir y serait. Et c'est ainsi que Barbara entrait dans la salle de vente aux enchères de Chinatown. Le quartier était revenu à la mode ces dernières années, surtout pour tout ce qui touchait à la culture et au tourisme. De nombreuses personnalités étaient déjà à l'intérieur, avec leurs verres à la main, discutant les uns avec les autres, évoluant au milieu de parfaits inconnus en costard envoyés par leur patron qui voulait rester anonyme. Et avant d'avoir compris, Barbara s'était retrouvée seule, le commissaire qui lui servait de père avait sans doute décidé de filer à la vue de tous ces riches héritiers. Parfait, la journée allait en s'améliorant. Barbara avait juste servit d'alibi à son père qui venait rencontrer un de ses indics de Chinatown... Saluant les gens qu'elle était censée connaître, elle alla elle aussi prendre son verre de jus de fruit et s'installa dans un coin, espérant un miracle, quelque chose qui la tirerait de ce traquenard. La salle était assez grande, bien qu'en partie occupée par des rangées de chaises qui, heureusement, au moins ça, semblaient confortables...

Curieuse de connaitre la suite des évènements, Barbara attrapa sur le buffet le programme et le découvrit avec horreur. Des photos de quelques objets mis en ventes montraient des ... sculptures aux formes indéfinissables bariolées de couleurs criardes. A l'évidence, vu le monde qui se pressait, l'artiste était très à la mode. Barbara continua de parcourir des yeux le programme. Non, c'était un blague... Ces gens allaient vraiment acheter ces horreurs dont les bénéfices seraient reversées à l'association d'aide à la réinsertion et à la reconstruction des vieux quartiers de Gotham... et à une association qui venait en aide aux chats abandonnés de Chinatown ? Babs n'en revenait pas, prête à éclater de rire. Tous ces gens allaient acquérir des oeuvres qui avaient l'air plus que pourries, pour nourrir des chats qui devaient être pour la plupart obèse et ressembler plus à des nems qu'à des animaux au vu du régime alimentaire de Chinatown. Sérieusement...

Barbara passa une main sur son visage en soupirant. Elle commençait vraiment à douter de ce qu'elle faisait là... Et le pire c'était qu'elle n'avait aucun moyen de rentrer, il lui faudrait supporter cela. Ni John ni Shawn, ni personne avec qui elle s'entendait vraiment en vue, elle allait devoir supporter cela seule, sans broncher, sans pouvoir se moquer ou se plaindre auprès d'une oreille compréhensive... Quand soudain, elle reconnut une voix un peu plus loin. Bruce Wayne venait de faire son entrée. Le cœur de Barbara fit un bond. Si seulement Dick l'accompagnait, elle survivrait ! Elle se retint de rire à cette pensée, Dick s'emmerderait bien plus qu'elle encore, et serait sans doute de bonne compagnie. Les deux s'entendaient bien, très bien. Presque trop bien. D'ordinaire, Barbara ne s'entendait pas avec les jeunes de son âge, mais avec Dick, c'était différent. Pas seulement qu'il s'ennuyait aussi aux soirées mondaines auxquelles son titre d'héritier de la famille Wayne lui ouvrait les portes, mais parce qu'il était plus mur que la plupart des garçons de son âge. Leurs trois ans de différence ne les gênaient pas. Alors oui, il faisait le pitre... Mais Barbara avait vu le vrai Dick, et avait appris à l'apprécier. A beaucoup l'apprécier. Elle ne put s'empêcher de rosir à cette pensée, en repensant à toutes ces soirées où ils flirtaient innocemment. Cela lui faisait du bien, avec lui elle se sentait normale... Se hissant sur la pointe des pieds, elle chercha Dick du regard, sans le trouver. Il avait surement eu plus de chance qu'elle, et n'était pas tombé dans le panneau.