Dylan avait au moins un mérite dans ce qu'elle faisait : elle le faisait pleinement (petite exception au sujet des cours). Ainsi, quand elle avait entendue une rumeur disant que Batgirl se promenait dans l'East End de Uptown, elle n'avait pas vraiment hésité à s'armer de son appareil photo, de son carnet de notes et de ses jumelles. Elle avait tout enfourné dans un sac et s'était éclipsée de chez elle. De toute manière, son père travaillait tard et la voisine qui gardait son petit frère avait depuis longtemps arrêté de la garder elle. En plus Dylan était objectivement insupportable si on essayait de la faire tenir en place. Elle était une créature qui devait bouger, tout le temps. De plus, plus elle restait dans une même pièce, plus les reflets autour d'elle semblaient s'affoler. Ainsi, elle arrivait à concilier son envie d'air et de mouvement et aussi l'obligation absolue de garder son petit secret caché. Elle était sortie vers 19 heures alors que le soleil commençait déjà à se coucher. La peur ? La sécurité ? Elle n'en avait rien à faire. Elle était de toute manière convaincue de s'en sortir, comme toujours. Elle courrait vite de son propre avis et était de petite taille, donc elle pourrait mieux se cacher en cas de coup dur... Bien entendu, elle ne pensa pas à l'éventualité d'une réelle agression. Après tout, elle suivait des supers héros généralement, que pouvait-il lui arriver finalement ?

Elle prit le monorail, préparant son matériel, vérifiant la batterie de son appareil, la clarté de ses jumelles auxquelles elle rajouta un petit coup avec la manche de son sweet-shirt et enfin, elle était parée. Elle était une vrai détective de la Strange Division après tout. Si elle revenait avec un bon cliché de Batgirl, elle pourrait bien fanfaronné au club. Elle avait toujours eu une nette préférence pour ce qu'ils appelaient "La Bat-family" Batman, Robin, Batgirl et Batwoman. Bien entendu, elle préférait encore plus les femmes. Aucune idée si c'était son féminisme latent ou si c'était juste parce qu'elle avait pas mal manqué de figures féminines dans sa vie ; et de toute manière elle n'avait pas envie de se perdre dans ce genre de débats psychologiques à la mord moi le noeud. Elle était simplement comme ça, et ce soir, elle ferait tout pour avoir un cliché relativement évident de sa star. Car oui, il y en avait beaucoup qui venait avec des clichés franchement nuls. A peine des ombres qu'on aurait pu interpréter comme n'importe quoi et n'importe qui et qui, pourtant, affirmaient croix de bois croix de fer si je ment je me fait botter le derrière que c'était Batman et le Joker entrain de se battre... Mais biensur ! Dylan n'avait pas beaucoup de photos à son actif, mais au moins elles étaient bien. Elles étaient généralement assez détaillées et claires pour qu'on puisse apercevoir le costume du super-héro.

Elle sortit sur l'avenue principale de l'Est End. Les rues, à la tombée de la nuit, seraient pleines. Au milieu des drogués, des prostituées et des voleurs, elle ne se sentirait pas au maximum de sa sécurité mais elle comptait surtout sur le capital sympathie que pouvait inspirer une enfant à ces gens. Après tout, elle croyait en l'humanité infinie de chaque être humain. De plus, elle s'était déjà fait défendre par un espèce de travesti prostitué une fois alors qu'un camé était venu la harceler. Il y en avait même deux trois qu'elle avait déjà croisé et qui lui faisaient toujours la même blague quand elles la voyait passer avec son appareil photo "Hey tu es venue me photographier ? Tu as pris rendez-vous avec mon agent ?" elle se contentait de sourire, les saluer et continuait son chemin, les yeux faisant sans cesse des mouvements vers les toits. Mais si un Bat-member devait se montrer, ce ne serait certainement pas dans la rue la plus visible. Non, il faudrait aller essayer de se faufiler dans les ruelles sombres et mal éclairées. Alors qu'elle arrivait vers la fin de la grande avenue, elle tourna la tête vers une de ces ruelles. Au fond, le mur d'une usine était visible : une fenêtre semblait refléter des yeux, macabres et rouges mais après avoir regardé de plus près, s'avançant dans l'allée, elle se rendit compte que ce n'était que des lampadaires. Elle se décida pour aller vers cette ruelle.

Dylan passa une entrée d'immeuble désert et arriva à un croisement. Alors qu'elle comptait faire demi-tour, quelque chose attira son attention. Des camions, plusieurs, noirs, impeccables venaient de la dépasser. Elle en avait compté cinq et une voiture rouge semblait les suivre. Elle fit mine de regarder ailleurs, de marcher d'un pas décidé comme pour indiquer qu'elle rentrait chez elle mais à quoi bon ? Qui viendrait se méfier d'une gamine comme elle ? Elle repéra la route qu'ils prirent et une fois les dernières roues disparues, elle courut à leur poursuite. A l'intersection elle se pencha et vit les lumières de phares de voitures se refléter sur des maisons un peu plus loin. Ils avaient encore tourné. Piquant un sprint du tonnerre, elle finit par s'arrêter, ses yeux exercés ayant repéré une ombre au peu plus loin, sur le toit d'un petit immeuble... Une silhouette accroupie, aux aguets, en attente tel un félin... Elle s'immobilisa net. La sueur commençait à mouiller le bas de son dos. Sa main prit son appareil photo, mais tremblante, le fit tomber. Elle le récupéra rapidement et se mit à couvert derrière un muret. Lorsque l'ombre se déplacerait, héros ou vilain, elle la suivrait...

Barbara était aux aguets. C'était pour ce soir. La traque avait commencé plusieurs jours auparavant, alors qu'elle avait eu un tuyau plus qu'intéressant de la part de son avocat préféré. Ce soir, la mafia russe attendait un chargement des plus intéressant, qui devait se faire très discrètement. Drogue, alcool de contrebande, armes, argent sale ? Barbara n'en savait rien, et son indic non plus. C'était quelque chose de gros en tout cas. Une heure auparavant, elle avait à la tombée du jour gagné un des immeubles proche de ce qui devait être le lieu de rendez vous. Elle avait vu arriver vers l'heure qu'on lui avait indiqué cinq camions, roulant doucement. Derrière eux, une voiture rouge fermait la marche, Ferrari, peut-être Lamborghini, Barbara avait encore du mal avec ça. Elle avait commencé quelques jours auparavant à faire des recherches pour pouvoir reconnaitre les voitures, de luxe notamment, rapidement et facilement, pour pouvoir être plus efficace lorsqu'elle craquait la banque de donnée de la GCPD pour faire une recherche avec une plaque partielle. Mais de son poste d'observation, elle était bien trop loin pour distinguer entre les réverbères la marque de la voiture.

Barbara serra ses jumelles entre ses mains, et observait la scène depuis un immeuble voisin. Les camions venaient de se garer devant un entrepôt officiellement désaffecté, mais bien connu pour abriter les réunions de mafia russes. Barbara elle même avait pu assister à l'une d'entre elle, en attendant l'arrivée de la police... Bien après que les lieux aient été évacués.
Les deux premiers camions transportaient quelques voitures de sport, et les hommes de mains qui s'affairaient à démonter les portières suggéraient qu'elles devaient être bourrées de drogue. Mais dans les trois autres, impossibles d'identifier le chargement pour le moment. Tout ce qu'elle voyait c'était des caisses de bois fermées. Patience. Barbara patientait déjà depuis une heure, guettant les alentours, elle tiendrait quelques minutes de plus pour découvrir ce qu'ils cachaient. Et la surprise fut de taille. L'un des hommes fit un geste et deux gros bras avec des pieds de biche ouvrirent la première caisse, puis la deuxième, puis une autre d'un autre camion et ainsi de suite. Les yeux de Barbara s’agrandirent sous la surprise. Lance-roquette, armes de poing, fusils de précision planqués sous des pains de savons... Les hangars de l'Armée Rouge semblaient avoir été dévalisés. Cela ne pouvait que laisser présager une vague de règlements de compte, et une vague d'armes sur le marché noir de l'East End principalement. Génial, de mieux en mieux décidément, et il y avait de quoi armer tous les petits délinquants de Gotham, comme si son boulot n'était pas déjà assez dangereux.

Et le pire dans tout cela, c'était que Barbara ne pouvait rien faire. Elle aurait pu gérer sept, peut-être huit agresseurs non-armés sans aucun problème. Mais ils étaient peut-être une trentaine de ce qu'elle voyait, armés jusqu'au cou. Barbara ne savait vraiment pas quoi faire. Si encore elle n'avait pas été seule... Si elle avait pu, elle aurait cherché de l'aide auprès de Black Canary, mais impossible de la trouver. Tout s'était fait trop vite, et elle n'avait eu l'info que dans l'après midi même. Restait la police. Elle avait déjà envoyé un message anonyme donnant l'heure du rendez vous, mais l'absence sur les deux blocs alentours de gyrophares ou de voitures banalisées avec des hommes à l'intérieur lui avait fait abandonner l'espoir que quelques policiers se montreraient.

Barbara sortit alors son bat-phone - un téléphone portable jetable bon marché acheté à une supérette sans caméras de surveillance- de sa ceinture, et composa le numéro de QG de la GCPD. Peut-être John serait de garde ce soir ? Elle enclencha l'appareil qu'elle avait fixé dessus. Elle allait pouvoir tester son jouet pour la première fois. Deux sonneries et l'on décrocha au standard. En quelques mots Barbara, la voix déformé par son nouveau gadget, décrivit au veilleur de nuit la scène sous ses yeux. Sa voix, celle d'un homme approchant la cinquantaine, était totalement impossible à reconnaître, et jamais la police ne se doutait que c'était ainsi Batgirl qui demandait des renforts. Elle aurait voulu pouvoir appeler Batman, Robin, ou n'importe que autre "héros" de Gotham à la rescousse, mais c'était trop demander. Elle était loin de se faire accepter, spécialement par Batman. Et quelque part, elle espérait qu'il serait au courant de l'opération de ce soir, et se mordrait les doigts. Elle prouvait qu'elle aussi pouvait être au bon endroit au bon moment, et qu'avec un peu de soutien, elle pouvait être utile. Mais non, ce soir, parce qu'un seul homme était une tête de mule, elle était condamnée à rester et à regarder sans pouvoir agir.

Barbara restait ainsi à contempler la scène. Elle ne parlait pas un mot de russe, et ne risquait pas de comprendre ce qui se passait. Toutefois, les voitures furent de nouveau chargées dans les deux camions qui s'éloignèrent. Barbara ne pouvait rien faire pour cela, et quelques voitures de luxe ne la perturbaient pas outre mesure. Les plusieurs kilos de drogue qui circuleraient dès le lendemain dans les rues de Gotham, par contre, l'empêcheraient probablement de dormir. Comme à chaque arrivage, il y aurait son lot d'overdose et un pic de décès du à la drogue dans tous les hôpitaux de la ville. En tout cas, les russes étaient confiants, et commençaient à quitter la zone. Ils n'était plus qu'une dizaine, plus deux en costume qui se grillaient une cigarette pendant que les autres, et trois qui faisaient le guet. Ils devaient être bien confiants, aucun doute qu'ils avaient payés et acheté au prix fort le silence de cette opération. Ils ne semblaient pas vraiment prendre de précautions, à peine s'ils étaient sur leurs gardes. Dans le silence, le transfert des caisses un fois débarrassées de la cargaison de savons, se fit des deux camions vers celui qui était resté vide, et qui serait surement stocké dans l'entrepôt pour la nuit du moins. Les deux hommes en costumes continuaient de parler, et Barbara sentit que c'était le moment où jamais de s'approcher un peu plus. Ces camions pourraient lui être utiles, histoire de trouver les planques des russes. Il lui suffisait d'y coller un émetteur.

Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour ranger ses jumelles et descendre discrètement de son immeuble. Il y avait un angle mort dans la répartition des gardes, et cela lui permettrait d'approcher sans mal les camions restants. L'un des camions repartit vide, avec plusieurs hommes de main mais elle put se glisser jusqu'à l'autre. Sortant de sa ceinture un émetteur, elle le colla sous le camion. Fabriqué maison avec le peu de moyens quelle avait, il n’émettrait qu'à l'intérieur de Gotham pendant au mieux 36 heures. Il ne restait plus qu'à espérer que cela suffirait. Elle resta quelques instants sous le camions, à épier ce qui se passer d'un peu plus près. Toutes les caisses avaient été déchargées, mais certaines étaient en train d'être chargée de nouveau dans le camion tandis que les dernières rejoignaient l'autre camion. C'était une aubaine, le camion qu'elle pourrait pister l'amènerait droit là où ces armes allaient être livrées. Et cette fois, elle investirait les lieux avec du renfort. Les deux hommes en costume devaient négocier quelque chose, et le deal semblait avoir été conclut, puisque l'un d'eux remonta dans sa voiture rouge rutilante, et que plus de la moitié des hommes de mains monta dans le camion avant qu'il ne soit fermé. Se glissant au plus vite hors de vue, dans un coin sombre de l'entrepôt, Barbara vit le camion partir. Il n'en restait plus qu'un, avec l'homme en costume et une demi douzaine d'hommes de mains. La place qui grouillait d'activité une demie heure auparavant s'était quasiment vidée, et le dernier homme en costume se dirigeait vers le coin où se cachait Barbara avec trois de ses hommes. Se retournant, elle comprit qu'ils quitteraient les lieux dans la voiture garée derrière elle. Se faisant petite derrière une pile de plalettes, elle les entendit passer.

- Les chinois comprendront qu'il ne faut pas s'amuser à nous marcher sur les pieds, surtout pour vendre des armes de merde. Qualité russe garantie, pas ces contrefaçons chintok de mes deux. Et quand on en aura descendu quelques uns, le message passera d'autant mieux.

Barbara réfléchissait à toute allure. Il y avait bien quelque chose qu'elle pourrait faire. Il lui suffirait de s'introduire dans l'entrepôt, neutraliser les gardes, et conduire le camion jusqu'à la GCPD, avec les gardes à l'intérieur pour donner de la matière aux inspecteurs. C'était un plan. Et il pouvait marcher... Se glissant hors de sa cachette une fois les russes passés, elle se faufila près de la porte de l'entrepôt. Un homme de main la gardait. Barbara se faufila jusqu'à lui, et l’assomma silencieusement, plaquant une main sur sa bouche et son nez en le maintenant d'une clé de bras. Il se débattait, mais au final, au bord de l’inconscient lâcha prise, et Barbara le laissa aller à terre. Il ne lui restait plus qu'à...

Barbara s'immobilisa et sortit un batarang de sa ceinture, aux aguets. Avait-elle manqué un homme de main ? Elle aurait plutôt penché pour un chat, mais il aurait été diablement gros... Un froissement de tissu et une respiration saccadée l'alertèrent, et la dirigèrent droit sur un renfoncement sombre quelques mètres plus loin. L'espace d'un clignement d'oeil, et Barbara tenait la personne qui l'avait suivie... Avant de la relâcher, étonnée. Il ne s'agissait pas d'un tireur en embuscade, mais d'une jeune fille, frêle et blonde, d'à peine plus d'une quinzaine d'année, un appareil photo à la main. Barbara serra les dents, elle aurait pu la faire repérer, se faire repérer...

- Shht. Qui êtes-vous ?! Non, qu'est-ce que vous faîtes ici, vous voulez vous faire tuer ? Ces gars là ne plaisantent pas s'il vous trouvent à proximité...

Mais Barbara n'eut guère la possibilité d'en dire plus, et n'eut que le temps d'attraper la jeune fille et de se jeter derrière une pile de caisses, sa main gantée sur sa bouche, veillant toutefois à ne pas l'étouffer elle aussi. Elle pouvait entendre des pas précipités se diriger droit vers elle, avec une lampe torche. Non, ils ne se dirigeaient pas vers elle, mais vers le guet qui était toujours par terre... Un russe, armé et sur ses gardes. Elles aurait peut-être eu une chance de l’assommer aussi, s'il n'y avait eu la fille. Le russe avisa alors son camarade et se pencha sur lui. Barbara était coincée à quelques mètres sans rien pouvoir faire tant que la fille risquait d'être exposée. Une balle perdue aurait pu facilement l'atteindre.

- Mikhail ? MIKHAIL !

Barbara ne put comprendre la suite, mais au vu du débit de mots en russe, cela ne sentait pas bon. Surtout que son premier réflexe avait été d'allumer sa radio. Barbara rageait, la gamine avait compromis son petit plan... Dans quelques minutes, l'entrepôt serait devenu inaccessible...
Sauf qu'il y avait une chose que Barbara n'avait pas prévu. C'est qu'à cet instant, deux voitures arrivèrent en trombe, et les choses se gâtèrent bien plus. D'abord parce qu'il allait être difficile de se sortir de là avec du monde qui grouillait. Ensuite, parce qu'au vu de la musique qui s'échappait de la sono des voitures à fond, c'était les chinois qui débarquaient. Avait-ils eu vent du trafic de ce soir ? En tout cas, cela ne sentait pas bon, et si elles ne faisaient rien, la justicière et l'adolescente allaient être prises entre deux feux, et feraient la une des journaux et de la rubrique nécrologie... La seule chose qui pourrait profiter à Batgirl, c'était que chacun serait trop occupé à se canarder qu'il serait possible de rentrer dans l'entrepôt... le camion était sans nul doute le meilleur moyen de s'échapper, si seulement elles arrivaient jusque là. Quelques mètres, pas grand chose, mais à deux... Barbara allait devoir expliquer sa stratégie et faire en sorte que l'adolescente aussi s'en sorte...

Cachée derrière son muret, Dylan ne voulait et ne pouvait pas louper cette occasion en or. Elle se glissa à travers le parking où elle était passée et longea le mur du bâtiment pour avoir une meilleure vu de la silhouette. Vu la posture, ça devait être une femme. Sa cheveulure n'était pas d'un rouge pétant donc on aurait pu penser à quelqu'un d'autre genre Batgirl... La forme bougea et Dylan se apralysa, enregistrant la direction dans laquelle elle allait, elle la suivit du regard avant qu'elle ne s'évanouisse entre deux immeubles. Problème : c'était par là qu'avaient été les camions aussi. Elle n'avait pas envie de se retrouver au milieu d'un champ de bataille comme un cheveux sur la soupe. Elle ferait le tour en faisait bien attention à s'éloigner d'éventuels éclats de voix. Mais il faudrait bien se rapprocher pour avoir une meilleure vue. Dylan continua sur la rue avant de bifurquer dans une rue parallèle. Des voix et de l'activité se fit entendre. Elle trouva une petite cachette dans le renfoncement d'un immeuble, puis, plus loin, dans un local à poubelle. Tendant les oreilles, elle n'entendait pas le bruit caractéristique d'une quelconque bagarre ou de gens entrain de crier car ils se faisaient sévèrement punir par un super héros. Non, rien de tout ça. Peut être le super héros avait un problème... Inspirant, rangeant son appareil photo dans sa poche pour pouvoir mieux s'échaper au cas ou, elle s'avança doucement dans la ruelle avant de revenir vers l'allée que Batgirl avait emppruntée. Elle contourna l'entrepot et à peine avait-elle tournée qu'elle fut empoignée. Le souffle coupé, aucun son ne sortit de sa bouche mais elle fut immédiatement relâchée. C'était Batgirl. Ouf, elle avait eu chaud, encore un peu et elle se serait fait tirer dessus ou écorcher vive. La femme la prévint du danger en chuchotant alors que Dylan était plus intéressée par l'homme couché, apapremment inconscient, quelques mètres plus loin. Elle voulut sortir son appareil photo mais la justicière masquée l'attrapa, plaquant une main sur sa bouche, et elles se jettèrent derière des caisses. Des pas et des voix s'étaient rapprochées.

Ha merde, cette fois c'était la merde enfait. C'était autre chose que de guettait un braquage du haut de l'immeuble d'en face ou de photographie une scène de crime alors que les policiers ont été boire un café. Là, c'était pour de vrai et la jeune fille commençait réellement à paniquer. Mais il fallait se calmer. Déjà, pisser sur son héroïne n'était pas du plus poli et ne servirait pas à redorer son blason. Ensuite, qui disait panique, disait emmerdes car dans ces cas là il fallait garder son sang froid. Un bruit de voiture et des voix s'élevèrent encore plus. Apparemment une autre voiture était venue. Tirant sur la main qui lui couvrait la bouche, Dylan demanda en chuchotant « On fait quoi ? Vous allez leur botter les fesses ou pas ? » Elle voulait aussi et surtout savoir si ils allaient s'en sortir vivantes. Si la réponse était non, à la limite, elle aurait bien voulu savoir l'identité réelle de la jeune femme. Elle mourrait moins stupide en tout cas.

« On fait quoi ? Vous allez leur botter les fesses ou pas ? »

Botter les fesses... Barbara aimait cela en général. Pas qu'elle soit une fervente adepte du passage à tabac, au contraire, mais disons qu'elle ne reculait pas devant un combat, pour la simple et bonne raison que la plupart du temps, on la sous estimait, et que celà lui assurait déjà la moitié de la victoire. Barbara avait depuis des années perfectionné son corps. Elle avait déjà la souplesse, la détente, le pied sûr de la gymnaste, et ses cours de jujitsu, d'aikido et de self défense n'avaient fait que transformer en arme ces atouts. Mais pas ce soir. Barbara n'amenait jamais un combat, surtout dans de telles circonstances. Un terrain dégagé, éclairé, et deux bandes armées jusqu'aux dents ? Elle était combattive, mais pas stupide. Et surtout, hors de question de laisser la jeune fille là. Elle devait s'assurer qu'elle soit en sécurité. Elle devait se sortir de là.

- Non, on va essayer de s'en sortir vivantes d'abord. Pour le reste, on improvise.

La jeune fille était paniquée. Qui ne l'aurait pas été ? D'ordinaire, personne n'aimait se faire plaquer au sol par un super héros... Pas à Gotham du moins. Elle devait avouer que pour une gamine de quoi... 15, peut-être 16 ans, elle ne devait pas être la vision la plus rassurante. Mais en même temps, qu'avait-il bien pu lui passer par la tête pour sortir à une heure pareille, aux abords d'un entrepôt désaffecté, en plein milieu d'un quartier où les gangs à la nuit tombée se livraient une guerre sans merci ? Il fallait être particulièrement stupide. Ou suicidaire.
Un plan, Babs, trouve d'abord un plan, tu y réfléchiras plus tard, lui chuchotait la voix dans sa tête. C'était son problème. Elle devait réfléchir à tout d'abord, et agir ensuite. Trop cérébrale, pas assez instinctive, mais elle faisait des progrès à ce sujet, et y travaillait chaque jour. Enfin, chaque nuit.

Barbara passa sa main sur sa ceinture. Elle était loin d'avoir toute la panoplie du parfait héros, surtout qu'elle, elle n'avait aucun pouvoir. Seulement sa tête et sa volonté de fer. Bon, il fallait avouer que ses années de gymnastique et les entraînement du sensei l'avaient bien aidé. Mais pour une mission d'infiltration -d'exfiltration en fait, elle allait avoir besoin d'un peu plus... En quelques secondes, elle allait devoir réviser sa stratégie, et s'en sortir vivante, elle comme sa nouvelle amie, avec ce qu'elle avait sous la main. Kit d'escalade, taser portatif, duct tape, jumelles à vision nocturne, grenade flash, fumigènes... Parfait. Elle aurait de quoi couvrir leurs arrières si elles se faisaient repérer, juste de quoi pouvoir s'échapper.

- On va profiter de la diversion pour rentrer dans le hangar, et prendre le camion pour partir pendant qu'ils seront trop occupés à se tirer dessus.

Barbara jeta un coup d'oeil et observa la scène, de l'autre côté de leur cachette improvisée. Le russe avait été rejoint par ses comparses, alertés par les cris qu'il avait poussé dans la radio lorsqu'il avait découvert son pote inconscient, mais aussi par les nouveaux arrivants. Comme elle le redoutait, des personnes descendirent de la voiture, goguenards. Elle pouvait distinguer la plupart des nouveaux débarqués, qui se tenaient sous l'un des derniers lampadaires qui marchait. L'attention des uns et des autres était toute entière tournée vers cette scène. Personne ne les verrait dans l'ombre, tant qu'elles restaient silencieuses. Elles n'auraient qu'à gagner le hangar, et si quelqu'un était encore à l'intérieur, les fumigènes lui permettraient de surprendre et de mettre la gamine à l'abri.
Barbara lança un regard vers la jeune fille, et prit tout de même une seconde pour essayer de la rassurer. Si elles voulaient s'en sortir vivantes, elle allaient devoir jouer serré.

- Vous restez près de moi, vous me suivez, sans bruit, et surtout vous ferez tout ce que je vous dirai de faire.
Barbara lui tendit un foulard noir qu'elle gardait toujours sur elle en cas d'air difficile à respirer. Si elle devait sortir vivantes, cela aurait été trop bête qu'en cas de confrontation, un des malfrats ait l'occasion de voir le visage de la jeune fille et décide de faire disparaitre l'un des deux témoins de la scène de ce soir.
- Attache ça sur le bas de ton visage, on ne voudrait pas qu'ils puissent te reconnaître... Allé, on y va.

Batgirl se redressa à demi, la main posé sur le bras de la jeune fille pour l'aider à se redresser et pour pouvoir garder le contrôle et anticiper au moindre problème. Elle l'entraina à sa suite de manière à faire le tour du hangar, évitant la scène où déjà des éclats de voix retentissaient. Barbara, qui ne perdait pas de vue la scène, vit avec soulagement quatre russes sortir prêter main forte. Ce qui signifiait qu'il ne devait plus y avoir grand monde dans le hangar. Pour l'instant, les choses n'avaient pas encore dégénérées...

Il ne leur fallut que quelques secondes pour atteindre la porte de service désertée quelques instants auparavant. Barbara jeta un coup d'oeil à la jeune fille, et lui fit signe de rester baissée, cachée derrière un container. Barbara ouvrit lentement et silencieusement la porte, et jeta un coup d'oeil à l'intérieur. Des palettes offriraient un abri idéal, et personne ne semblait en vue. Elle fit signe à la jeune fille de la suivre, et elles se réfugièrent derrière les palettes.

- Reste là.

Barbara laissa là la jeune fille après un dernier regard. Se faufilant entre les palettes, restant hors de vue dans l'obscurité du hangar à peine éclairé par de vieilles ampoules grésillantes. Un coup d’œil attentif à l'étage lui fit supposer que personne n'était là. Si elle avait eu le temps, elle serait allée vérifier, mais elle devait agir vite. Dehors, des voix s'élevaient, elles seraient bientôt suivies de coup de feu à n'en pas douter. Mais pour l'instant, personne. Barbara se glissa jusqu'au camion. La porte était ouverte, et rapidement, elle dégagea l'électronique, et examina les fils du démarreur. Barbara bénit sa mémoire photographique, et ses récentes visites à la bibliothèque pour potasser quelques éléments "utiles" de mécanique automobile... Il ne lui fallut pas plus de quelques secondes pour comprendre qu'elle pourrait démarrer le camion. Et quelques unes de plus pour retourner chercher la jeune fille.

- La voie est libre, allons y !

Barbara lui sourit et l'amena jusqu'au camion, s'installant à la place conducteur, lui faisant signe d'attacher sa ceinture, et de garder sa tête baissée, les mains sur la tête. Trifouillant le panneau sous le volant, tirant les fils, elle enclencha manuellement le démarreur, et il ne lui fallut pas plus de deux essais pour faire démarrer son premier camion volé. Mais dehors, la situation s'envenimait, et les premiers cris s'élevèrent, accompagnés de rafale de balles. Et de l'autre côté du hangar, plusieurs individus firent leur apparition.
Barbara n'avait pas le choix.

- Accroches toi !

Barbara enfonça l’accélérateur sans hésiter une seconde de plus et fonça dans la tôle qui fermait l'entrepôt. Le bruit fut terrible, et le panneau s'arracha de ses gonds avant de passer sous les roues du camion. Des coups de feu éraflèrent la carrosserie, mais ne firent pas plus de dommage. Elles furent rapidement hors de portée, et la scène que Barbara entrevit encore quelques secondes dans le rétroviseur laissait deviner ce qui s'était passé. Les russes s'étaient repliés pour protéger le camion, et aux coups de feu, les chinois avaient cessé d'hésiter. Encore une nuit de règlement de compte. Mais au moins, ils n'auraient pas de quoi recharger leurs armes ce soir. Barbara comprit qu'elles étaient en sécurité, du moins jusqu’à ce qu'elle atteignent le commissariat. Elle doutait que les russes la poursuivent, ou les chinois, trop occupés à se mettre sur la gueule pour se lancer à la poursuite de la raison pour laquelle ils s'entretuaient. En tout cas, ni l'un ni l'autre des deux gang ne laisserait celui d'en face se lancer à leur poursuite. Barbara comptait bien là dessus. Elle rejoignit les grandes avenues de Gotham, et se détendit. Elles seraient a la GCPD dans peu de temps, et Barbara pourrait mettre la jeune fille en lieu sur. Maintenant, elle voulait comprendre... Elle comptait bien lui poser quelques questions, mais elle les posa sur un ton plus amusé qu'interrogateur ou suspicieux. Après tout, elles s'en était sorties après tout...

- Et bien, on s'en est bien sorties... Mais j'aimerais bien savoir ce qu'il t'es passé par la tête ! Que faisais-tu là bas ?