Le fringuant docteur Eliott avait disparu sous des bandelettes de gaze couvrant son visage, et un par-dessus masquant un costume noir en cuir pas trop brillant, et un beau H rouge gravé sur sa poitrine, mais pas au niveau du cœur. Il avait prit ses deux S&W bien logé dans les deux holster accrochés autour de sa poitrine masqué habilement par le par-dessus. Il l’avait choisit pour cela, c’était idéal pour planquer son arsenal. Etudiant des heures devant le miroir les bosses formés par les armes sur le tissu, il était parvenu à trouver un emplacement discret pour ses armes. Hush prenait place, s’insinuant dans son esprit, prenant possession du fragile Tommy. Au fond, le docteur Eliott était sa double identité, ce qu’il était désormais c’était Hush. Il passait presque plus de temps sous ses bandelettes qu’à visage découvert. Ce soir comme tous les autres, il allait sa balader en ville. Il aimait l’odeur de cette ville, délicieusement macabre, insalubre, sentant à plein nez la moisissure qui occupait ses rues. Elle respirait la saleté et le danger, la noirceur de ses habitants les plus sombres qui occupaient aujourd’hui tous les esprits. La ville n’avait pourtant pas tellement changé depuis son enfance, seulement aujourd’hui, les méchants portaient des masques, utilisaient des toxines au lieu de ces bons vieux flingues, et la corruption atteignait désormais même la justice. Les temps étaient bien sombres pour les idiots qui conservaient un quelconque espoir quand à cette ville. Sa mère n’était pas si folle que ça quand elle avait choisit d’aller vivre ailleurs. A ses yeux, cette obscurité était parfaite, non qu’il se réjouisse particulièrement de voir la ville sombre chaque nuit un peu plus dans le chaos, mais pour masquer ses propres agissements c’était absolument parfait. Qui faisait attention à cette silhouette passant de toit en toit, une paire de jumelle à la main ? Car oui, lorsqu’il se baladait c’était toujours sur les hauteurs, il avait toujours aimé grimper aux arbres, toujours aimé regarder les choses de loin, pour avoir un point de vu global sur la situation, indispensable pour planifier et garder la tête froide. Cette nuit encore, il arpenterait les toit de Gotham, il observerait les agissements des vilains en bas, espérant voir Batman à l’action. Le chevalier noir était discret et ne sortait malheureusement pas tous les soirs, ou alors dans des endroits à l’abri des regards, mais Hush commençait à avoir une bonne vision d’ensemble sur son ennemi. Il avait enregistré de nombreuses informations sur sa manière de bouger, de suivre une cible, de l’attaquer, ses mouvements avec son grappin également. En savait-il assez pour passer à l’action ? Pas encore.

Cela faisait quelques heures déjà qu’il était sorti, et pas la moindre de trace de Batman, ni d’ailleurs de ses criminels préférés, on aurait dit que la ville était calme ce soir, presque endormie. Il se demandait s’il n’allait pas mourir d’ennui, et vu l’heure qui avançait, il jugea qu’il était peut-être temps de rentrer. Cela était très agaçant de rentrer les mains vides ainsi, il détestait cela. L’échec avait un goût amer, même lorsqu’il était minime. Il enfonça ses mains dans ses poches après avoir relevé le col de son pardessus et s’avança dans la nuit. Il n’avait pas vraiment envie d’aller plus loin. Mais il avait un petit bout de chemin pour gagner son appartement situé dans les quartiers chics, le nom qu’il portait, le statut qu’il possédait dans la vie civile l’y contraignait. En pleine réflexion sur le trajet l’attendant, il entendit un bruit de crissement de pneu. Son regard descendit en plongée sur la rue en bas. Une camionnette faisait une embardée et continuait sur la rue à gauche menant… à la rivière traversant Gotham. Il n’y avait pas trente six mille raison pour qu’à une heure aussi indue, une camionnette roulant aussi vite aille en direction des docks. Traitez le de pessimiste si vous le voulez, n’empêche que le conducteur avait un comportement louche aux yeux de Hush, et comme il n’avait rien eut d’autre à se mettre sous la dent, il fit demi-tour, et suivit la camionnette. Il sauta pour rejoindre le toit suivant, s’accrocha à une ligne de téléphone pour enjambé la rue en contre bas, et parvint à retrouvé sa petite camionnette qui semblait arrêtée, au bruit et à la légère vapeur s’extirpant du pot d’échappement, le moteur tournait encore. Mais les criminels laissent souvent leur moteur tourner, une bonne méthode pour pouvoir repartir rapidement en cas de menace policière. Il descendit le long d’une gouttière. Il avait toujours été agile comme un chat, mais avec l’entraînement qu’il avait reçu de Deadshot, il était devenu une ombre parmi les ombres. Evidemment, depuis qu’il avait grandit, sa masse musculaire était devenue importante, plus encore depuis son entraînement, qu’il continuait d’ailleurs, aussi la gouttière bougeait sous son poids, il la sentait vibrer au moindre de ses mouvements, s’il avait été de nature nerveuse il s’en serait inquiété, mais Hush n’était pas du genre à s’inquiéter pour ce genre de détail. Il sauta à terre presque en silence. Il demeura un instant immobile, aux aguets, au cas où le ou les gars de la fourgonnette l’avaient entendus, mais pas le moindre mouvement en approche. Il entendit le bruit d’une portière s’ouvrant et il se cacha dans l’ombre. Une jeune femme sortie du véhicule et le contourna pour ouvrir à l’arrière. Il ne connaissait pas ce visage, et sans les circonstances actuelles, il n’aurait jamais cru qu’un petit bout de femme comme elle aurait pu s’embarquer dans une histoire pareille. Discrètement il se déplaça pour voir ce qu’elle trafiquait. Sa surprise fut de taille, là devant lui, la demoiselle tentait de tirer à elle le corps d’un homme. Il haussa un sourcil même pas certain qu’elle n’allait pas s’écrouler sous le poids du bonhomme. Les morts pèsent aussi lourds que les vivants, parfois même un peu plus lorsqu’ils sont criblés de plombs. Il sortit de l’ombre en faisant assez de bruit pour qu’elle l’entende, il ne voulait pas se prendre une balle en la surprenant. « Qu’est-ce qu’il vous avait fait ce pauvre bougre ? » demanda-t-il sans aucun air narquois, sa question était posée sur un ton neutre, la plaisanterie était contenue dans les mots qu’il avait employé, et dans la situation en soi.